Sans filtre – Triangle de Tristesse : Non, mais dans l’eau ?

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Written By Vincent Bourdieu

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A l’écran en septembre / En recyclant Le Bcher des vanités, Titanic et Les Vénérables Mouches, Ruben stlund découvre (encore) le vide de l’apparence et la tyrannie du capitalisme. Le triomphe d’une bonne morale consensuelle enveloppée d’une esthétique léchée, plus anodine que subversive, semblait aller dans le sens d’un besoin d’épuration des mœurs des festivaliers dans leur meilleure chanson dominicale de la Croisette.

A l’écran en septembre / En recyclant Le Bcher des vanités, Titanic et Les Vénérables Mouches, Ruben stlund découvre (encore) le vide de l’apparence et la tyrannie du capitalisme. Le triomphe d’une bonne morale consensuelle enveloppée d’une esthétique léchée, plus anodine que subversive, semblait aller dans le sens d’un besoin d’épuration des mœurs des festivaliers dans leur meilleure chanson dominicale de la Croisette.

Jeunes mannequins très actifs sur les réseaux sociaux, Yaya et Carl sont invités à participer à une croisière de luxe en échange d’une médiatisation de leurs vacances. Mais l’insouciance initiale de leur voyage sera suivie de panique puis d’horreur lorsqu’une tempête frappe leur yacht, laissant les survivants bloqués sur une île déserte. Une nouvelle hiérarchie sociale se forme entre les passagers et l’équipage

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La série des Concepts sans filtre est assez vaste, au point que le sympathique Ruben Stlund peut placer dans cette inscription cette citation de Molière : « Amour sans scandale et amusement sans peur » (Tartuffe, acte III, scène 3). A cause du scandale, de la peur (ou de la prise de risque), il n’est pas question ici : qui trouvera à redire à battre l’orgueil, l’égoïsme, la cupidité, la laideur, l’intempérance, le mensonge ? , la luxure, en somme, car tous les péchés mortels et véniels apparaissent à l’écran surtout si c’est l’Occidental riche, privilégié et complaisant qui est coupable de ces péchés ? Avec une délicieuse complaisance, les puissants sont dépouillés de leurs ornements scintillants et des symboles matériels de leur royaume terrestre. Longtemps écrasé par les éléments, enlaid à la mesure de son intériorité (coucou Dorian Gray), nimbé d’un déluge de crasse et de vomi, réduit à son animalité.

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L’intention était-elle politique ? Le seul effet comique, et assez inoffensif où Daumier risque sa liberté en détruisant vicieusement les puissances de son temps ; où Pasolini fait frémir avec la métaphore du fascisme ; où Ferreri montre à son public un miroir inquiétant de leur gentrification pendant les Trente Glorieuses. Dans ce voyage aux allures de parabole où « les premiers seront les derniers et les seconds les premiers », le stlund dépasse à peine le niveau judéo-chrétien de châtiment ou de pénitence. Le fait que ce soit à nouveau autour de la table qu’il cristallise le drame (le naufrage s’est produit ici après l’avalanche sur la terrasse de la Snow Therapy et les événements du banquet The Square) remet en question son lien avec la nourriture cérémonielle : il y a plus dans l’ascèse que le plaisir chabrolien sur le menu du cinéaste.

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Spectacle à la gorge

Spectacle à la gorge

Si le sujet est impitoyable et dilué, Unfiltered ne cesse d’actualiser ou de paraphraser les constats de Debord : stlund fixe ici le superlatif « Société du spectacle » regroupant ceux qui, pendant trente ans, ont été Promoteurs Consécutifs : Supermodel, Candidat/Aventurier de Télé Réalité, Influenceur des Réseaux Sociaux

Autant de coquilles vides et d’opium neuf distribués aux gens ; marchandise humaine à consommer en spectacle. Autant de distractions mortelles se multiplient lorsque la culture recule et que l’école n’est plus le lieu sacré d’où l’on sort, d’où qu’on vienne, convaincu d’avoir reçu les mêmes bases. Comment rire, sinon pleurer ; nous garderons les larmes pour les proches de Charlbi Dean Kriek.

La disparition soudaine de l’actrice fin août a en effet donné lieu à des rumeurs malsaines de vautours numériques qui pensent que chaque événement n’a pas d’importance pour eux, qu’il soit tragique ou qu’ils aient simplement des opinions biaisées. intérêt. Dans « Society of the Spectacle », tout est nul. Répugnant.

De Ruben stlund (Sw.-G.-B.-US-U.-Fr.-Gr., 2h29) avec Harris Dickinson, Charlbi Dean Kriek, Woody Harrelson