Un accès aux soins dentaires de plus en plus compliqué ?

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Trouver un dentiste, prendre rendez-vous, faire face à une urgence dentaire, des situations qui relèvent du parcours du combattant pour certains Lote-et-Garonnais.

Il y a ceux qui sont suivis par un dentiste, et qui savent combien les places sont chères dans leur clientèle, et d’autres, les nouveaux arrivants, ceux dont le médecin traitant a pris sa retraite, ou qui ont déménagé dans d’autres pays, qui font face à une situation parfois très délicate situation.

Des rendez-vous jusqu’en Gironde

Il faut oublier la simplicité de la prise de rendez-vous en ligne si vous n’êtes pas suivi par un dentiste. Sur la plateforme Doctolib, la grande majorité des professionnels prennent ce rendez-vous pour leurs patients ou ne proposent leurs rendez-vous que par téléphone. C’est simple, le premier créneau gratuit de Doctolib nous propose un rendez-vous fin septembre, dans le Gers…

Pour consulter un dentiste, mieux vaut s’armer de patience pour joindre les différents centraux téléphoniques, à la recherche d’un rendez-vous. Parmi les patients suivis, certains n’hésitent pas à demander leur prochain rendez-vous dès la fin du barème, une manière de s’assurer qu’ils ont une place dans le temps.

Parce que les dentistes semblent être en nombre insuffisant et que la demande reste constante. En effet, il est recommandé de faire un bilan dentaire tous les 12 mois. Problème, les près de 160 spécialistes du Lot-et-Garonne peinent à subvenir aux besoins des près de 330 000 habitants du Lot-et-Garonne.

Vivre avec des douleurs dentaires, faute de soins

Ainsi, certains se tournent vers les départements voisins, voire directement vers les deux villes voisines, à savoir Toulouse et Bordeaux. Une situation qui n’est pas sans quelques contraintes d’organisation et des surcoûts. Une abonnée nous raconte qu’elle a dû se rendre à Eysines, en Gironde car elle « souffrait trop » et n’arrivait pas à se faire une place ici.

Et le problème de ces délais, c’est bien la douleur avec laquelle certaines personnes doivent vivre à cause du manque d’intervention rapide. C’est le cas de Sabrina. « J’ai rendez-vous fin août, depuis juin, j’ai des dents cassées et des douleurs à plusieurs endroits, je dois passer l’été comme ça », raconte-t-elle. Et sa fille a également dû attendre avant d’être soignée pour ses dents de sagesse. « Ça faisait mal, ses joues étaient gonflées, mais non, il faut attendre », explique Sabrina.

Et combien de personnes vivent, comme elles, avec une gêne dentaire, en attente de soins ? Il existe cependant un service de garde dentaire, accessible les dimanches et jours fériés, mais ce dernier est vite surchauffé en raison des patients sans dentiste qui viennent s’y faire soigner.

« Un casse-tête ! »

Une situation très tendue, qui ne devrait pas s’améliorer dans l’immédiat, compte tenu du nombre de chirurgiens-dentistes proches de l’âge de la retraite…

Alain Moreau, président de l’Ordre régional des chirurgiens-dentistes, se dit bien conscient du problème. Remarquez un certain changement de mentalité, les jeunes pratiquants ne veulent plus travailler 70 à 75 heures par semaine. « Le nombre de collègues en burn-out ne cesse d’augmenter », précise-t-il. Un malaise qui tord les chirurgiens-dentistes entre l’obligation du code de déontologie pour garantir le suivi des patients et une fatigue, toujours plus difficile à supporter.

« Une liste d’attente pour les urgences… »

Des dispositifs sont installés pour pallier le problème et désengorger les armoires. Alain Moreau parle surtout du service de garde mis en place par l’Ordre dans le 47, mais le département pourrait aller plus loin, comme en Gironde où il y a un chirurgien-dentiste réglementaire à côté du Samu, dans le centre 15 de 8 à 18 heures. . « Il peut délivrer une ordonnance à la pharmacie de garde », explique le président. Autre voie envisagée, l’inscription des assistantes dentaires au Code de la santé afin qu’elles puissent effectuer quelques actes. Enfin, l’ARS de Nouvelle-Aquitaine souhaite faire passer le nombre d’étudiants de 105 à 675 en créant de nouvelles structures de formation.

La douleur est venue au milieu de la nuit, une douleur lancinante accompagnée d’un gonflement de la joue, signes d’une éventuelle infection. Le lendemain, Pierre essaie d’appeler son dentiste, mais il est en vacances. N’ayant pas le choix, il doit se tourner vers l’un de ses collègues, mais la tâche s’avère plus compliquée qu’il ne le pensait.

« J’ai appelé une dizaine de cabinets, un tiers des dentistes étaient en vacances et les autres ne prenaient pas de nouveaux patients », raconte-t-il. « Et certains m’ont dit qu’il y avait une liste d’attente pour les urgences », ajoute-t-il. Deux termes qu’on n’aurait jamais imaginé voir côte à côte un jour.

Une situation qui en dit long sur les difficultés d’accès aux urgences dentaires, même à Agen.

Pierre se rend alors chez les dentistes de garde, espérant être enfin soigné, un standard lui indique que deux cabinets reçoivent des patients, dans le service, mais là, pas de réponse. Sans se décourager et en proie à la douleur, Pierre ne voit pas d’autre solution que d’appeler le 15, où il lui est conseillé de rappeler les dentistes de garde à 9h le lendemain matin, les urgences qui ont, par définition, des urgences, considérées comme prioritaires.

Mais il ne semble pas qu’il ait été le seul à donner l’alerte pour obtenir une place chez le dentiste, dès 9 heures, le bureau de garde est déjà submergé d’appels, selon la secrétaire médicale.