« Quand j’ai appris l’existence des évêques et l’inculpation de l’abbé Poligné, lors d’une retraite spirituelle, je lisais le livre d’Adrien Candiard, Veilleur, où est la nuit ? (1) qui m’a aidé à rebondir. Mais j’avais le sentiment que deux poubelles se déversaient sur ma tête, j’avais honte d’être prêtre et pourtant j’ai vécu de très belles choses dans mon ministère. En ce temps de crise, j’ai trouvé a contrario la profondeur et la beauté de nos liens qui font la réalité de l’Église : on s’appelait au téléphone, on échangeait des petits mots, on nous renouvelait confiance, on se gardait entre prêtres .
Cette crise me fait prendre conscience qu’il faut arrêter de vivre une vie de sainteté héroïque, inaccessible, impossible, qui culpabiliserait. Mais comment faire plus d’amour avec tout ça, comment en faire une occasion de faire plus d’amour ? Je veux surprendre une bénédiction plus simple et plus humble à côté : c’est déjà énorme de vivre une vie droite et honnête, et je veux encourager tous ceux qui essaient déjà de vivre fidèlement, aiment faire dans le meilleur des cas, prient pour leur des hauts et des bas… Ils vivent déjà de l’Evangile.
C’est ainsi que je cherche à vivre cet Avent, en choisissant de regarder vers la lumière qui se lève, de coller à ce qui germe déjà plutôt qu’à l’obscurité, à la nuit. Dieu tient sa promesse, il est fidèle et il est avec nous dans cette épreuve, sa miséricorde travaille à renouveler l’Église, le peuple, les structures. Sa lumière est projetée sur des zones d’ombre et ce qui est réalisé est salutaire. »