Beaucoup de Français choisissent de se retirer dans des lieux saints.
©Guillaume Reynard
Faut-il avoir la foi ?
Comme les écrivains Sylvain Tesson et Pascal Bruckner dans Trois jours et trois nuits (2021) ou Emmanuel Carrère dans Yoga (2020), de nombreux Français choisissent de se retirer dans des lieux sacrés. Moins pour une foi qu’ils n’ont pas forcément que pour trouver un lieu de paix où respirer, le plus souvent en silence et sans écran. A tel point que de nombreux lieux affichent complet, notamment pendant les temps liturgiques – Carême ou Pâques – mais aussi pendant les vacances d’été. En toute logique, l’offre s’étoffe : lieux multiconfessionnels ou laïques, ouvrages spécialisés, propositions d’activités diverses (jeûne, randonnée, apiculture, permaculture).
Autre signe que cette envie arrose notre société : sur le site Pèlerin (anciennement Pèlerin Magazine), la page la plus visitée en 2021 a été celle consacrée aux retraites. « C’est précieux de se retirer du quotidien, de faire un pas de côté pour réfléchir », résume Véronique Badets, journaliste à l’hebdomadaire chrétien et habituée des retraites. « Beaucoup viennent dans le besoin, dans la douleur, en tout cas avec des questions sur un changement de vie, un divorce ou un décès… », Anne Ducrocq, notamment l’auteure de Pauses spirituelles – 100 lieux originaux en France à recharger (Gründ), se note une adepte. Leurs conseils pour des vacances soul réussies.
Combien ça coûte ?
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« Les croyants ne sont plus du tout majoritaires dans les retraites monastiques », observe Anne Ducrocq. Dans la plupart des endroits, tout le monde est le bienvenu. De nombreux retraitants viennent dans l’espoir que la paix et la tranquillité des moines seront contagieuses… » Même ouverture chez les protestants et les bouddhistes. « Juifs et musulmans n’ont pas cette tradition de retraite ‘grand public' », précise Anne Ducrocq, qui répertorie dans son ouvrage les lieux laïcs comme les retraites pour femmes (rdvavecmoi.org) et celles destinées aux étudiants en audit, comme au monastère de Sainte-Thérèse de Murat (Cantal), au monastère d’Ourscamp (Picardie) ou à l’ashram de Gretz (Seine-et-Marne). Qu’en est-il de la diversité ? « La plupart sont ouverts à tous, sauf aux lieux les plus traditionnels », ajoute Anne Ducrocq.
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« Dans la plupart des monastères, on vous informe du coût du séjour, qui est en moyenne de 60 euros par jour », explique Anne Ducrocq. Vous pouvez choisir de participer plus ou moins, selon les fonds. Attention, les retraites ne sont pas des palaces, mais parfois des chambres rustiques adaptées à la vie en communauté, avec repas et toilettes communes. « La chose la plus luxueuse que j’ai vue dans une retraite, c’est un petit lavabo avec un sèche-serviettes dans la chambre ! », déclare Anne Ducrocq.
Qu’est ce qu’on y fait ?
Un bon plan vacances sans se ruiner ? « Ce serait un mauvais motif de retraite », sourit Véronique Badets. Il s’agit de respecter l’hôte, notamment en assistant aux offices. « Certaines communautés religieuses acceptent que l’on vienne travailler (avec un gros dossier, un livre, une thèse) en toute tranquillité : ‘Il suffit d’être ouvert sur son projet' », conseille le journaliste.
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En silence ou pas ?
Ça dépend de. « Il y a une différence entre une retraite et une session. Le premier, qui rime à loisir, peut être interrompu par des offices, pour que l’on puisse entrer en prière ou en méditation », explique Véronique Badets, encore très émue par sa visite au couvent Notre-Dame-de-Fidélité, à Jouques (Bouches ) -du-Rhône), « un endroit magnifique où les sœurs pratiquent le chant grégorien ».
Les sessions sont organisées autour d’une activité spécifique, aujourd’hui largement étoffée. Dernières tendances? Apiculture au monastère de la Visitation à Tarascon (Bouches-du-Rhône, visitation-tarascon. com ), permaculture à l’ashram d’Amma – grande figure hindoue – à Pontgouin (Eure-et-Loir, etw-france.org ), jeûne et randonnée au Centre Bölling, pionnier du genre en France, à Léoux (Drôme provençale, jeunes-et-randonnee. com ).
Quels bénéfices ?
La beauté des lieux explique aussi le succès de certains lieux : le monastère de l’île Saint-Honorat, joyau méditerranéen face à Cannes (Alpes-Maritimes), l’abbaye du Canigou (Pyrénées-Orientales), merveille de l’art roman accrochée aux montagnes catalanes , ou encore le centre caritatif La Flatière (Haute-Savoie) avec une vue panoramique sur le Pays du Mont-Blanc…
« Quand on me demande conseil pour choisir un emplacement, je dis toujours que c’est la première question à se poser », prévient Anne Ducrocq. Si on choisit le silence, mieux vaut commencer sur deux jours, pas plus. Cela peut prendre jusqu’à une semaine ou dix jours au maximum. « Le tête-à-tête peut être compliqué. Il n’y a pas d’éducation en silence dans notre société, en faire l’expérience peut faire souffrir. Une des leçons que je retiens des confinements, c’est qu’on n’a pas du tout l’habitude d’avoir une vie intérieure et de se fréquenter. »