Fin des voitures essence et diesel en 2035 : cinq questions après le vote au Parlement européen

Fin des voitures essence et diesel en 2035 : cinq questions après le vote au Parlement européen

Si la volonté du Parlement européen est respectée, en 2035, les concessionnaires ne pourront plus mettre en vente de véhicules thermiques neufs. Une mesure écologique. Réalisable?

Par Maxime T’sjoen

Publié le 9 22 juin à 19h30

Ce mercredi 8 juin doit être marqué d’une pierre verte. Les eurodéputés ont voté en faveur de l’interdiction des véhicules essence et diesel en 2035. C’est un vote qui va secouer le monde automobile dans les années à venir.

En effet, les entreprises ne pourront plus vendre de voitures (et camionnettes) thermiques neuves. A partir de 2030, des objectifs intermédiaires de réduction des émissions sont également fixés : 55 % pour les voitures et 50 % pour les camionnettes.

Pourra-t-on encore rouler avec nos voitures thermiques ?

Bien que le texte doive encore passer au Conseil européen, actu.fr décrypte la mesure en cinq questions.

Oui, après le 1er janvier 2035, vous pourrez toujours utiliser votre voiture essence ou diesel.

La mesure ne s’applique qu’aux véhicules neufs que les concessionnaires ne pourront plus mettre en vente dans ce délai. Ceux déjà en circulation pourront toujours rouler sur les routes.

A noter également qu’une modification de ce rapport, baptisée « Ferrari », permet aux constructeurs de niche, moins de 1 000 véhicules produits par an, d’abroger cette règle.

Quel est l’impact écologique de cette mesure ?

Les constructeurs produisant entre 1 000 et 10 000 voitures particulières ou entre 1 000 et 22 000 véhicules utilitaires légers auront un an de plus pour se conformer à la norme, le 1er janvier 2036.

Alors que les voitures particulières représentent environ « 16 % des émissions de CO2 de l’Union européenne », selon le Climate Action Network, le passage à des véhicules à zéro émission, comme les véhicules électriques, et dans une moindre mesure à l’hydrogène, réduira la pollution dans l’UE.

« Cela aura un réel impact », a déclaré à actu.fr Pierre Leflaive, responsable des transports de l’ONG Réseau action climat. « Si on analyse le cycle de vie complet d’une voiture, une électrique émet 3 à 5 fois moins de CO2 qu’une thermique. »

Ce ne sera pas un véhicule propre, mais plus propre.

Pourquoi ce n’est pas encore acté ?

Bref, on ne passera pas de 16 à 0 %. Car ? Car il va falloir importer des piles, par exemple, voire les recycler. Une véritable « piste d’amélioration » selon Pierre Leflaive, qui précise qu’il faudra « développer la filière batterie ».

Est-elle réalisable en termes d’infrastructures ?

Alors que les eurodéputés ont envoyé un signal fort lors du vote de ce texte sur la fin des nouvelles voitures essence et diesel d’ici 2035, la mesure n’a pas été définitivement adoptée. Il passera devant la commission Environnement du Conseil européen le 28 juin, avant de passer au trilogue (Parlement, Conseil et Commission), probablement à l’automne.

Alors que l’autonomie, bien qu’avancée, est un frein majeur à l’achat, la question des bornes de recharge devient essentielle. « Pour partir en vacances, combien de temps cela prendra-t-il ? », demande Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d’automobilistes à actu.fr.

« La question porte sur les terminaux, mais aussi sur les terminaux rapides. On nous dit « ça va », mais il ne faut pas mettre la voiture devant les pneus », peste le délégué général qui défend une transition avec des véhicules hybrides, « avec des biocarburants renouvelables et produits en France ».

Pierre Chasseray estime qu’avec ce type de véhicule les émissions sont réduites de 65 %.

Nous aurions pu préparer cette transformation. Il accompagne le changement, alors que les mécaniques se forment, elles mettent du temps à l’arrivée de l’hydrogène, augmentent progressivement la consommation d’électricité. Nous aurions eu le temps pour tout.

L’Avere, l’association nationale pour le développement de la mobilité électrique, rappelle qu’en mai 2022, 62 000 bornes étaient installées en France. « C’est une croissance de 51% en 12 mois », précise Cécile Goubet, directrice générale de l’Avere. « C’est bien, mais il faut garder le rythme. Il faudra doubler les points de recharge en 2025 et les doubler encore en 2030 ».

En 2023, 100% des aires de service autoroutières seront équipées d’une borne ou borne de recharge dont la moitié ont des capacités de charge supérieures à 150 KW/h (qui permettent une recharge rapide, ndlr).

L’ONG européenne Transport & amp; L’environnement estime que trois millions de terminaux publics seront nécessaires dans l’ensemble de l’Union d’ici 2030.

Qu’en est-il de la consommation électrique, notamment pendant les périodes de vacances où la voiture est utilisée de manière intensive ? C’est une des questions et un point noir pour 40 millions de motards. « L’Etat n’est pas en mesure de promettre que tout le monde pourra consommer », a déclaré Pierre Chasseray.

A fortiori durant l’été, « avec climatisation et options, quand les automobilistes feront deux arrêts ». « Comment serons-nous alors que nous importons déjà de l’électricité en hiver ? »

Les voitures électriques seront-elles (encore) trop chères ?

Une synthèse réalisée par RTE et l’Avere en 2019 indiquait que 17 millions de voitures électriques du parc automobile représenteraient 10 % de la consommation d’électricité. « Complètement résorbable », par Cécile Goubet.

« Aujourd’hui, les voitures électriques sont trop chères, s’exclame Pierre Chasseray. 50% plus chère qu’une voiture thermique selon la Plateforme Automobile (PFA) fédérant la filière automobile en France. Mais que se passera-t-il dans 13 ans, quand le texte pourra être appliqué ?

« Le plus cher, c’est la batterie », estime le délégué général des 40 millions d’automobilistes. Très souvent, cette partie compte. « Nous sommes loin derrière la Chine. »

Pourtant, pour Pierre Leflaive du Climate Action Network, un investissement massif pourrait renverser la tendance.

Maintenant que nous avons un signal clair, cela incitera les industriels à investir. Nous devons investir maintenant et être un acteur fort. Les coûts diminueront avec les économies d’échelle. C’est aussi un enjeu social.

40 millions d’automobilistes alertent également sur le potentiel ultime des subventions actuellement destinées à l’achat de voitures électriques : « Aujourd’hui l’électrique dégouline, mais les subventions vont disparaître. »

L’électricité sera-t-elle davantage taxée  ?

Pierre Chasseray estime également que les voitures achetées aujourd’hui « seront obsolètes dans trois ans en raison de l’évolution de celles-ci, notamment en termes d’autonomie des batteries ». « Vous le voyez au marché aux puces, qui craint, ça a été. »

C’est une question que se posent 40 millions d’automobilistes : si la consommation de carburant diminue, il y aura moins de revenus économiques pour l’Etat. « Cela représente 40 milliards d’euros de manque à gagner », estime Pierre Chasseray.

Selon lui, l’électricité pourrait alors être davantage taxée.

« Ce n’est pas exclu », reconnaît Pierre Leflaivre, responsable transport pour le Réseau action climat. « Il faut être cohérent pour que ce soit une transition juste, c’est une condition essentielle. »

Et il ajoute : « C’est un problème de santé publique, ça aussi, c’est une dépense pour l’Etat. Pour rappel, la pollution de l’air fait 300 000 morts par an dans l’UE. »

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Quel avenir pour les moteurs essence ?

ZFE du Grand Paris : Interdiction définitive des véhicules Crit’Air 3 repoussée à juillet 2023. Alors qu’elle devait s’appliquer au 1er juillet 2022 puis « début 2023 », l’interdiction définitive des Crit’Air 3 dans la métropole du Grand Paris est enfin programmée pour juillet 2023.

L’espérance de vie augmentera pour les voitures à moteur à combustion interne. Pour les constructeurs, si la fin du moteur thermique est vraiment arrivée en Europe en 2035, il reste encore de nombreuses années pour vendre des moteurs thermiques.

Quand les voitures essence seront interdites ?

Quel avenir pour les véhicules à essence ? Et à partir de 2024, il ne sera plus possible de rouler au diesel. La fin des véhicules à essence est prévue pour 2030.

Quelles sont les voitures essence les plus fiables ?

Le Parlement européen a voté mercredi 8 juin 2022 l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves à partir de 2035. D’ici là, les modèles encore en vente devront réduire drastiquement leurs émissions de CO2.

La voiture à essence la plus fiable est probablement la Peugeot 108 1.0, ou ses jumelles, la Citroën C1 II et la Toyota Aygo. Ses propriétaires ne trouvent presque aucun problème avec ce moteur Toyota d’origine.

Quel est le meilleur moteur essence du marché ?

Quelle est la meilleure voiture essence ? Suzuki Swift La voiture, comme l’Ignis, est l’une des voitures à essence les moins polluantes. Souvent comparée à la Toyota Yaris ou à la Citroën C3, la Suzuki Swift est sans aucun doute l’un des modèles les plus populaires et les plus précieux si vous souhaitez acheter un véhicule neuf.