L’Europe veut des batteries amovibles dans les smartphones

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Et si on revenait enfin aux batteries amovibles des smartphones et appareils mobiles ? C’est la volonté de l’Union européenne qui obligera les fabricants à rendre les batteries plus facilement remplaçables et recyclables.

Envisageriez-vous jamais d’acheter une radio portable, une lampe de poche ou une télécommande avec une batterie non amovible ? Non! Enfin, on l’espère… En effet, tous ces objets électroniques du quotidien sont alimentés par des piles classiques – ou rechargeables – qui peuvent être facilement retirées et remplacées par leurs équivalents, quelle que soit la marque. C’est le cas de nombreux appareils. Mais pas pour les smartphones, tablettes et ordinateurs portables, qui utilisent désormais des batteries spécifiques – « propriétaires » – impossibles à remplacer sans passer par un service spécialisé, comme le SAV ou la réparation. Une véritable aberration technologique et écologique, surtout quand on sait qu’ils ne sont pas éternels : tous ces accumulateurs électrochimiques ont pour l’essentiel une durée de vie limitée qui détermine – pas du tout par hasard – la durée de vie des appareils qui les intègrent, provoquant une forme de obsolescence. Qui a envie de dépenser plusieurs dizaines de dollars, voire plus, pour remplacer une batterie déchargée sur un « vieux » téléphone ou un « vieux » ordinateur portable quand on peut s’offrir un nouveau modèle pour un peu plus cher ?

Batteries : à quand des formats normalisés pour tous les appareils mobiles ?

Et c’est sans compter les enjeux de fabrication et de recyclage des batteries, qui impactent l’environnement et donc notre avenir. Sans offenser les constructeurs qui invoquent toujours des considérations technologiques -performance, innovation…- ou « éthiques » -liberté-, il est temps de revenir aux batteries amovibles et facilement échangeables dans tous les appareils électroniques pour lutter contre ce grand gâchis. revenir à une économie durable. On pourrait même rêver, dans un monde meilleur, de voir un jour émerger des formats standardisés pour toutes les batteries, comme pour les batteries standards, que ce soit pour smartphones, tablettes ou ordinateurs. Cela simplifierait considérablement notre quotidien…

Sans aller jusqu’à cette vision utopique – quoique… – l’Union européenne s’est penchée sur le problème des batteries. Ainsi, les eurodéputés et les États membres de l’Union européenne (UE) sont parvenus à un accord, vendredi 9 décembre, pour mettre en place des règles environnementales sur la production et la gestion des batteries, afin qu’elles soient « plus durables, plus efficaces et plus résistant ».

Voitures, véhicules électriques, vélos, scooters, smartphones, ordinateurs, batteries industrielles… Tous devront répondre aux exigences de durabilité, de sécurité et de circularité dans les années à venir. L’objectif : booster sa production en Europe tout en limitant son impact écologique. Cette loi couvrira pour l’instant « l’ensemble du cycle de vie des batteries, de la conception au traitement des déchets, et s’appliquera à tous les types de batteries commercialisées dans l’UE », explique le Parlement. Ce projet porte donc sur les batteries portables (pour les téléphones et les ordinateurs), les batteries SLI (pour les véhicules « lourds » comme les voitures électriques), les batteries pour les véhicules légers (MTL : pour les véhicules à roues comme les scooters et vélos électriques), les batteries pour véhicules électriques (EV) et batteries industrielles.

Accord européen : des batteries plus faciles à changer pour les consommateurs

La loi sur les batteries couvre plusieurs aspects du secteur. Premièrement, elle doit bénéficier directement aux consommateurs en rendant les batteries plus efficaces, plus sûres et plus faciles à retirer et à remplacer, d’ici trois ans. En fait, lorsque la batterie d’un appareil mobile tombe en panne ou atteint la fin de sa durée de vie utile, l’appareil devient complètement inutilisable, faute de remplacement facile. C’est vrai pour les téléphones, les tablettes et les ordinateurs portables, mais encore plus pour les petits appareils comme les écouteurs sans fil, qui sont très difficiles à démonter et à réparer. Une aberration écologique et technique car il est bien plus malin de changer la batterie défaillante que d’acheter un nouvel appareil pour la remplacer. Un point qui pose problème à certains grands constructeurs, dont Apple. Si la firme fait des efforts avec ses nouveaux modèles – notamment l’iPhone 14, dont onze éléments peuvent être changés, contre un seul pour le premier iPhone -, l’indice de…- de ses appareils est plutôt faible Mais ce « défaut » touche aussi tous les fabricants de smartphones qui ont abandonné les batteries remplaçables qui étaient encore utilisées il y a quelques années dans les modèles non amovibles…

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Autre point : toutes les batteries devront porter des étiquettes et des QR codes pour informer les consommateurs – qui sont un levier clé du changement – ​​sur leurs performances, leur durée de vie et leur composition. Pour les batteries de scooter, les batteries de voiture et certaines batteries industrielles, un « passeport numérique de la batterie » détaillant leurs caractéristiques et leurs utilisations devra être fourni.

Batteries : une politique de diligence raisonnable pour l’industrie

Afin de réduire la quantité de ressources qui doivent être importées en Europe – notamment parce qu’elles sont parfois produites dans des conditions de travail déplorables, par exemple en utilisant le travail des enfants – l’UE a également fixé des objectifs de collecte et de recyclage. Ainsi, pour les batteries portables, les entreprises devront avoir un taux de récupération d’au moins 45 % dès 2023, 63 % d’ici 2027, et 73 % avant fin 2030. Pour les batteries de vélos, trottinettes électriques et trottinettes, le taux de collecte minimal sera de 51 % en 2028 et de 61 % en 2031. Toutes les batteries MTL, EV, SLI et industrielles devront être récupérées gratuitement auprès des usagers. Le texte impose également des teneurs minimales en certains métaux récupérés des déchets de fabrication et de consommation – 16 % pour le cobalt, 85 % pour le plomb, 6 % pour le nickel et 6 % pour le lithium – devant être réutilisés pour la composition de batteries neuves. Enfin, avant le 31 décembre, la Commission se réserve le droit de se prononcer sur la nécessité d’interdire l’utilisation des piles portables non rechargeables.

Le respect des critères de production verte de l’UE sera une condition préalable à la vente d’une batterie dans l’Union. « Cette loi établit des exigences environnementales pour toutes les batteries, qu’elles soient produites en Europe ou importées, et va progressivement restreindre l’accès au marché européen des batteries les plus durables », explique Pascal Canfin, président de la commission de l’environnement du Parlement européen. Mais l’intérêt n’est pas seulement écologique. Cet accord vise à sécuriser l’économie énergétique de l’Europe alors que ses besoins en batteries devraient être multipliés par 14 d’ici 2030. En fait, il vise à renforcer l’industrie européenne des batteries, la fameuse économie circulaire, tout en réduisant la dépendance de l’UE aux importations de métaux critiques, donc. les taux de lithium, nickel, cobalt et plomb recyclés. Car dans ce secteur, l’Europe n’occupe que la troisième place derrière l’Asie – notamment la Chine, le Japon et la Corée du Sud – et les États-Unis. En 2030, l’Europe vise 25 % de la production mondiale de batteries, contre seulement 3 % en 2020. Pour y parvenir, le Vieux Continent multiplie les investissements dans le secteur, avec une quarantaine de projets d’usines de batteries en 2021. Pour l’instant. , le texte n’est qu’en phase d’élaboration et la loi qui en résulte doit être votée par le Parlement et le Conseil de l’Europe avant d’être mise en œuvre.