Atekka, start-up spécialisée dans la protection assurantielle du secteur agricole, a apporté 4,9 millions d’euros de son management et d’Agro Invest. La société utilisera les fonds pour développer une offre d’assurance paramétrique et se développer à l’international.
Si le marché de l’assurance habitation et automobile est particulièrement développé, le marché de la couverture des risques du secteur agricole est beaucoup moins mature. Cela n’empêche pas les nouveaux venus de l’insurtech d’investir dans une niche comme Atekkal. Incubée en 2017 au sein de la coopérative agricole française InVivo, la société démarre son offre un an plus tard, avec les premières polices signées en 2018. « Le changement climatique impacte fortement les agriculteurs, mais seulement 30% d’entre eux sont assurés contre ces risques », explique Antoine Poupart, fondateur et président d’Atekka. Agriculteur et agronome de formation, le dirigeant connaît parfaitement les problématiques et enjeux de cette filière et a souhaité proposer une offre à la fois simple et lisible. « 80% de nos agriculteurs sont assurés pour la première fois, qui trouvaient le marché de l’assurance trop cher, trop compliqué et peu efficace », poursuit Antoine Poupart.
Pour développer son offre et sa présence à l’international (y compris le Benelux), Atekka a reçu 4,9 millions d’euros du fonds de gestion et d’investissement Agro Invest. Le groupe entend donc accélérer avec l’assurance paramétrique, ou indicielle, qui se différencie de l’assurance non vie classique. « L’assurance paramétrique est un gros domaine d’innovation », précise Antoine Poupart. « Cela permet de remplacer les connaissances humaines par une expertise technologique basée sur les relevés des stations météorologiques, les images radar, les capteurs de température, etc. évaluer la demande et le montant de l’indemnité à verser ».
Des algorithmes maison adossés à Microsoft Azure

Les outils de recherche technologique utilisés par la startup sont variés. Il s’agit par exemple de son propre réseau de stations météo destinées à prévenir les épisodes de grêle et de gel à Cognac. D’autres sources sont également utilisées : Météo France, Copernic, données des fournisseurs de stations météo Sencrop et Weenat… « Les données de ces fournisseurs sont obtenues avec le consentement des clients », précise Antoine Poupart. Précisons que dans la moitié des cas, les relevés utilisés par Ateka utilisent des informations issues des stations installées par les agriculteurs eux-mêmes ou par leurs coopératives. Jusqu’à présent, la remontée d’informations d’Atekka ne s’appuyait pas particulièrement sur l’internet des objets, voulant se concentrer d’abord sur des produits « simples au possible ».
Au cœur de sa technologie d’assurance paramétrique, Atekka s’appuie principalement sur un expert statistique interne – un actuaire – pour développer des algorithmes, qui sont ensuite supportés par une plateforme de gestion des sinistres Microsoft Dynamics hébergée dans le cloud Azure. « D’un point de vue technologique, nous sommes partis d’outils robustes et externalisés car nous souhaitions nous concentrer sur les compétences métiers », explique Antoine Pouppart.
Accélérer dans l’assurance paramétrique

Tout l’enjeu d’Atekka était de proposer une offre d’assurance sur mesure et personnalisée pour chaque contexte spécifique et local. « Nous avons fait un vrai travail de simplification et de transparence pour permettre aux agriculteurs de s’assurer très facilement et rapidement en ligne », précise Antoine Poupart. A l’heure actuelle, 80% de l’activité d’Atekka repose sur l’assurance non-vie contre 20% sur le paramétrique, mais la levée de fonds permettra d’accélérer sur ce dernier domaine. Contrairement à l’assurance non-vie, l’assurance paramétrique ne repose pas sur des actifs directement assurés (vignobles, etc.), mais sur des conditions climatiques (3 jours de gel, etc.). Sachant que les montants à rembourser sont déterminés d’un commun accord entre Atekka et ses clients.
La jeune pousse s’appuie sur plusieurs éléments pour proposer des prix compétitifs. Tout d’abord, une structure de coûts très limitée – avec seulement une équipe de 7 personnes – et en ciblant notre offre sur des agriculteurs qui n’étaient jusqu’alors pas assurés et qui présentaient moins de risques que les autres. Cela se reflète dans la répartition de ses clients, dont 70 % n’ont jamais été assurés auparavant. Après l’équilibre, la startup réclame 15 millions d’euros de primes d’assurance, 30% de plus que l’année précédente, et un EBITDA positif.