La fédération des assureurs veut supprimer le certificat d’assurance papier pour simplifier la vie des usagers, lutter contre la fraude et appuyer la transition écologique. Appelé carte, vignette, macaron ou même papillon, mais toujours de couleur verte, il occupe depuis près de 40 ans le coin droit du pare-brise des automobilistes français. Plus pour très longtemps selon les informations de MoneyVox.
Et si c’était la fin d’une longue aventure ? Près de 75 ans après la création de la « carte verte », et près de 40 ans après son apparition sur le pare-brise de chaque automobiliste pour lutter contre le défaut d’assurance automobile, le bouton vert qui résume chaque année les informations les plus importantes du contrat signé, devrait disparaître. Une révolution pour des millions de Français pour qui le contrat d’assurance auto est obligatoire. Au nom de 247 compagnies d’assurances, France Assureurs (FA, ancienne Fédération Française des Assurances) explique vouloir « simplifier la vie des assurés à travers l’attestation d’assurance sous forme de vignette et l’attestation d’accompagnement, qui prend aujourd’hui la forme de la carte verte. »
Autre argument qui est utilisé : la lutte contre la fraude. Les non-assurés ne pourraient plus se cacher derrière des attestations apparemment valables mais relatives à des contrats résiliés, ou utiliser de faux documents obtenus frauduleusement. Enfin, cette suppression du badge servirait la transition écologique, puisqu’environ 50 millions de documents n’ont plus besoin d’être imprimés ou envoyés chaque année.
« Les assureurs travaillent depuis plusieurs années à la suppression de la carte verte. Aujourd’hui, nos discussions avec le gouvernement nous portent à croire que le projet est sur la bonne voie », a déclaré France Assureurs à MoneyVox. Notamment, ces échanges ont lieu à Bercy, alors que les ministères de l’Intérieur et des Transports, à la demande de MoneyVox, n’ont pas répondu. Néanmoins, il faudra sans doute attendre l’élection d’une future majorité suite à la réélection d’Emmanuel Macron, qui reporte le projet à septembre 2022 au mieux.
Une utilisation du Fichier des Véhicules Assurés
A la place de la vignette, la FA propose d’utiliser le Fichier Véhicules Assurés (FVA), qui a été créé en 2016 et partagé avec la police depuis 2019. Ce fichier, « dont 56 millions de véhicules avec garanties d’assurance sont aujourd’hui immatriculés en temps quasi réel (souscription, modification, résiliation) », est alimenté par l’ensemble des assureurs, selon la FA. Elle mentionne l’immatriculation du véhicule, le nom de l’assureur ainsi que le numéro du contrat d’assurance et sa durée de validité.
En effet, les compagnies d’assurance doivent communiquer les informations fournies dans les 72 heures suivant l’inscription ou la résiliation de la garantie responsabilité civile automobile.
La France, une exception européenne

« La France est l’un des derniers pays à exiger de ses ressortissants qu’ils soumettent des documents papier. Par exemple, l’Allemagne a aboli ce format depuis 2008. Ces documents ne sont pas nécessaires pour la circulation au sein de l’Union européenne (UE), de l’Espace économique européen (EEE) et de la Suisse. Dans tous les pays concernés, la plaque d’immatriculation vaut à elle seule une présomption d’assurance », plaide France Assureurs.
Parallèlement, la directive européenne « assurance automobile » permet désormais de vérifier l’assurance du véhicule en circulation hors du pays d’origine en consultant la FVA pour les véhicules immatriculés en France.
Des contrôles routiers plus longs

Cette suppression de la carte « n’est pas une nécessité, mais nous le ferons sans opposition », a déclaré Pierre Chasseray, délégué général de l’association des 40 millions d’automobilistes, MoneyVox. En revanche, l’argument ne convainc pas l’association de défense des consommateurs Consommation Cadre de vie (CLCV). « On s’interroge sur l’importance du risque d’erreurs dans ce dossier et l’impossibilité pour l’assuré de prouver sa bonne foi dans une telle situation », souligne Olivier Gayraud, avocat à la CLCV, rappelant que le défaut d’assurance est lourdement sanctionné.
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La gendarmerie, contactée par MoneyVox, explique que la police peut consulter le fichier des véhicules assurés via une application mobile. Simplement, lors d’un contrôle, vous pouvez voir la situation du véhicule en un coup d’œil grâce au papillon vert. Les contrôles peuvent donc prendre plus de temps en cas de retrait de la carte verte.
Sous couvert d’anonymat, un officier confirme les limites d’une telle décision. Il dit que les bogues se produisent quotidiennement lors des consultations FVA. Selon lui, la carte verte permet d’être informé rapidement et directement lorsqu’un véhicule est garé sur la voie publique. Ce qui facilite la rapidité des contrôles.
Une économie au final pour les assurés ?

Consultés par MoneyVox, les principaux assureurs soutiennent la proposition de France Assureurs, sans autre commentaire. Seul un nouveau venu sur le marché honore cette volonté de dématérialisation et de simplification des démarches administratives en son nom propre. « Lorsque nous avons lancé Flitter, nous étions tellement focalisés sur notre offre 100% digitale que nous avons minimisé le poids logistique de cette carte verte », avoue Hajer Gorgi, l’un des trois fondateurs. Surtout, cette attente du badge crée des tensions inutiles pour nos clients et limite le changement d’assurance. »
En attendant sa fin définitive, le précieux sésame reste transformé par l’Office central français et répond à des normes bien précises de respect du format et du type de papier utilisé. Le prix n’est d’ailleurs pas étranger à la demande des assureurs de mettre fin à la vignette : 300 euros pour environ 1 000 vignettes. Une économie théorique de 17 millions d’euros sur la base des 56 millions de véhicules du marché français. Sous le manteau, les assureurs déclarent qu’ils profiteraient à leurs clients en abaissant le montant de la prime d’assurance automobile.
Rouler sans assurance : quels sont les risques ?
Selon l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), plus de 65 000 infractions non assurantielles ont été recensées en 2020. Le Fonds de garantie de l’assurance obligatoire dommages (FGAO) estimait en 2018 que plus de 750 000 voitures (hors deux-roues), soit 2 % du parc automobile, étaient restées sans assurance.
Si lors d’un contrôle de police l’immatriculation de votre véhicule n’apparaît pas dans le fichier des véhicules assurés, vous pouvez être verbalisé pour non-assurance. Selon la loi, conduire sans assurance est un délit passible d’une amende de 3 750 euros, qui peut être assortie de peines complémentaires telles que la suspension ou le retrait du permis de conduire, avec interdiction de le reprendre pendant 3 ans maximum et la saisie du permis de conduire. véhicule.